Dérèglements de Samuel Murez

7 Danseurs
1h40 avec entracte

Chorégraphie | Samuel Murez
Musique & son | B. v. Altorf, J.S. Bach d'après A. Vivaldi, G. Bizet, J. Brahms d'après N. Paganini, The Misters, S. Murez, S. Rachmaninoff d'après N. Paganini, G. Tartini, T.A. Vitali
Textes | Samuel Murez

Après « Virtuosités » en 2007 et « Désordres » en 2013, 3e étage est de retour avec « Dérèglements », tout aussi brillant et déjanté que les précédents. Fidèle à lui-même et à l'esprit du groupe, Samuel Murez propose là un programme qui, dans sa composition et dans son rythme, tient davantage du film que du spectacle de danse traditionnel.

« Dérèglements » se présente comme une nouvelle variation autour des grands thèmes qui ont fait le succès du groupe et que son concepteur explore depuis plusieurs années : la virtuosité, sous toutes ses formes et dans tous ses éclats, le rapport de l'individu au groupe, garant (ou non) de l'expression de la singularité, la tension entre l'ordre et le désordre, le respect de la règle et la transgression créatrice. Cette tension, qui constitue la trame de tous les spectacles de 3e étage, résonne de manière particulièrement intime pour Samuel Murez et son groupe, formé de danseurs issus de l'école du ballet de l'Opéra de Paris et évoluant depuis toujours dans un environnement marqué par le poids du passé et des contraintes formelles. Elle se lit aussi dans le refus affiché de se cantonner à un style de danse unique ou encore dans la structure peu conventionnelle du spectacle.
Si l'esprit du groupe et des spectacles reste inchangé, « Dérèglements » laisse apparaître aussi de nouveaux thèmes et de nouveaux questionnements, nés des spectacles précédents. Éternelle obsession du chorégraphe, la notion de règle(s) est notamment réévaluée à l'aune de ses relations avec le pouvoir – et avec le pouvoir absolu, celui-là même qu'on trouve à l'origine du ballet classique. Plusieurs pièces du programme peuvent ainsi montrer comment l'obsession de la règle, induite par le(s) pouvoir(s), conduit progressivement à se détacher du sens. Le formalisme esthétique n'apparaît plus dès lors que comme une vanité, une perte de temps, dans un monde – celui de la danse – plus marqué qu'un autre par l'éphémère et la fugacité des choses.

Bénédicte Jarrasse